Transition énergétique du Canada : Changements passés et à venir dans les filières énergétiques – Mise à jour – Évaluation du marché de l'énergie

Le soleil vient de se coucher sur le musée canadien des droits de la personne et le pont Esplanade Riel à Winnipeg, au Manitoba.

7. Conclusion

Obstacles et incertitudes

Pour réussir la transition énergétique, il faudra surmonter bien des obstacles et des incertitudes. Plusieurs facteurs entreront en ligne de compte : avancées technologies, politiques, préférences des consommateurs, nouvelles formes d’énergie, nouvelles manières de consommer l’énergie, etc.

La transition vers une économie sobre en carbone retentira sur toutes les filières énergétiques existantes du pays. Elle influencera les types d’énergie utilisés, leur utilisation, l’efficacité de cette utilisation et le rôle joué par les technologies dans la compensation ou le stockage des émissions de carbone.

Au bout du compte, les émissions liées à l’énergie dépendent de la quantité d’énergie utilisée et de l’intensité d’émission de cette énergie. Si l’on repense aux liens entre consommation, économie et émissions décrits dans le chapitre 4, il existe une infinité de combinaisons entre consommation et intensité qu’un pays peut viser pour réduire ses émissions d’une proportion donnée.

La figure 22 montre diverses trajectoires possibles, si l’on part du principe qu’il y aura bien une réduction annuelle des émissions liées à l’énergieNote de bas de page 66. Le Canada devra surmonter plusieurs obstacles pour parvenir à réduire ses émissions, notamment modifier en profondeur la manière dont il produit et consomme l’énergie. Par exemple, pour réduire ses émissions annuelles de 30 % (à 417 Mt d’éq. CO2), il devra faire baisser son intensité d’émission moyenne à 33 grammes par MJ (à consommation d’énergie constante), ou réduire sa consommation d’énergie à 8 860 PJ (à intensité d’émission moyenne constante), ou jouer sur une combinaison de ces deux variables.

Figure 22 : Trajectoires de réduction des émissions au Canada

Source : Office national de l’énergie

Description :

Ce graphique montre la relation entre la consommation d’énergie au Canada (en PJ) et l’intensité d’émission de cette consommation (en grammes d’éq. CO2 par MJ). La ligne du haut représente cette relation si les émissions annuelles liées à l’énergie restent les mêmes qu’en 2005 (595 Mt d’éq. CO2). Cette année-là, le pays a consommé 12 770 PJ d’énergie et a enregistré une intensité d’émission d’environ 47 grammes par MJ.

Toutes les transitions énergétiques ont un prix, et celle-ci ne fait pas exception. Selon le Conference Board du Canada, la tarification du carbone et la décarbonation de la production d’électricité nuiront un peu à l’économie, et les investissements dans les technologies d’énergie propre se chiffreront en billions de dollarsNote de bas de page 67. ECCC estime que le Cadre pancanadien fera reculer le PIB d’environ 0,35 % en 2022, précisant qu’il s’agit probablement d’une surestimation, et que le prix de l’inaction serait encore plus élevéNote de bas de page 68.

La plus grande incertitude qui persiste aujourd’hui est le rythme de la transition. Celle-ci pourrait être rapide et spectaculaireNote de bas de page 69, ou progressive et en dents de scie. D’après les exemples passés, les transitions énergétiques sont généralement lentes, mais les moteurs de celle d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes que ceux d’hierNote de bas de page 70. Dans Energy Transitions: Global and National Perspectives, Vaclav Smil conclut en ces motsNote de bas de page 71 :

« [Traduction libre] Par nature, une transition énergétique est et sera toujours une longue histoire. […] Notre avancée dans l’avenir post-fossile d’ici 30 ou 40 ans ne dépendra pas seulement de notre résolution d’innover, mais aussi de notre volonté de modérer nos attentes énergétiques et de consommer plus judicieusement. »

La transition, c’est maintenant

La transition énergétique se produit en ce moment même : les filières énergétiques du Canada et d’ailleurs sont en pleine mutation. D’après les éléments fondamentaux de cette transition, décrits dans le chapitre 4, on peut dresser le constat suivant :

  • L’intensité carbonique du réseau électrique canadien est l’une des plus faibles au monde. Dans les provinces et les territoires qui dépendent beaucoup des combustibles fossiles pour produire de l’électricité, la décarbonation se poursuit grâce à l’abandon progressif du charbon et au développement des énergies renouvelables.
  • Même s’il est en encore à ses balbutiements, le remplacement des carburants utilisés dans le transport personnel continue de prendre de l’ampleur. Les normes de carburant et d’économie de carburant sont quant à elles de plus en plus strictes.
  • Les Canadiens consomment mieux leur énergie, et cette tendance devrait se poursuivre.
  • Les initiatives stratégiques de tous les pouvoirs publics aident le pays à progresser dans sa transition énergétique.

Les progrès accomplis jusqu’ici sont remarquables, certes, mais le Canada peut aller encore plus loin. Son intensité énergétique et son intensité d’émission sont encore parmi les plus élevées chez les pays développés. Les facteurs contribuant à cette haute intensité énergétique ne devraient plus servir de prétexte pour garder les mêmes habitudes de consommation. Au contraire, ils devraient être la preuve que le Canada a les moyens d’en faire plus.

D’après le présent rapport, l’avenir sera sans doute très différent du passé. Au cours du siècle dernier, la consommation d’énergie mondiale a grimpé en flèche, surtout en raison de l’abondance et de l’abordabilité des combustibles fossiles. La plupart des signes laissent présager que cette croissance ralentira et que le bouquet énergétique gagnera en diversité. Ajoutons pour conclure que si le monde parvient à atteindre ses objectifs à long terme en matière de changements climatiques, les 100 prochaines années pourraient être aussi dynamiques et transformatrices que les 100 dernières.

Des travailleurs portant leur EPI installent des panneaux solaires sur un toit.

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