Aperçu du marché : Tendances historiques des investissements pétroliers et gaziers au Canada

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Date de diffusion : 2022-11-23

Les investissements dans le secteur pétrolier et gazier au Canada varient depuis toujours avec la fluctuation des prix de l’énergie. Ils diffèrent selon le type de ressource, comme le pétrole classiqueDéfinition* par rapport aux sables bitumineuxDéfinition*, et selon la région. Les investissements dans le pétrole et le gaz au Canada sont en hausse par rapport à leur niveau le plus bas de 2020 en raison de l’augmentation des prix. Cependant, le secteur attache de plus en plus d’importance à d’autres éléments, comme les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (« ESG »Note de bas de page 1) et les politiques de carboneutralité.

Les investissements sont liés aux marchés mondiaux et aux tendances mondiales

En général, les investissements pétroliers et gaziers au Canada fluctuent au gré des cycles du secteur à l’échelle mondiale, bien que l’accès à l’infrastructure de transport constitue un défi propre au Canada. Ces cycles sont déterminés par l’activité économique mondiale, les coûts d’approvisionnement et de mise en valeur des ressources pétrolières et gazières et les prix des produits de base.

Hausse des prix et ralentissement de l’économie

Du début des années 2000 jusqu’en 2008, les craintes de pénurie d’approvisionnement ont été à l’origine de la hausse des prix du pétrole et du gaz en Amérique du Nord et partout ailleurs dans le monde. Avec la montée des prix, les investissements dans le pétrole et le gaz au Canada ont atteint un sommet de 50 milliards de dollars en 2008, soit 18 % de la totalité des investissements industriels au Canada cette année-làNote de bas de page i. En 2009, le ralentissement économique occasionné par la crise financière mondialeNote de bas de page 2 a provoqué un recul de la demande de pétrole et de gaz, une baisse des prix et la dégringolade des investissements dans le secteur pétrolier et gazier au Canada.

Reprise économique et recul rapide

Après 2009, avec la reprise de l’économie mondiale, la demande de pétrole et de gaz s’est redressée. Au milieu de 2014, les investissements pétroliers et gaziers au Canada ont atteint un nouveau sommet de plus de 80 milliards de dollars, comme la part du secteur (24 %) dans les investissements industriels cette année-là. Vers la fin de 2014 et le début de 2015, cependant, les prix du pétrole brut – et les investissements dans le secteur pétrolier et gazier au Canada – se sont effondrés. Cette situation était attribuable au ralentissement de la demande mondiale de pétrole et à l’intensification de la concurrence pour les parts de marché entre les producteurs américains de pétrole de réservoirs étanchesDéfinition* et les membres et alliés de l’OPEPNote de bas de page 3.

Reprise lente et pandémie mondiale

Les prix du pétrole et les investissements mondiaux dans ce produit ont commencé à se rétablir en 2016, après que l’OPEP et ses alliés aient conclu une entente visant à en limiter la production et réduire les stocks. Le rétablissement s’est poursuivi jusqu’au début de 2020, lorsque la pandémie de COVID-19 a freiné l’activité économique mondiale et la demande de pétrole. En 2020, les prix annuels moyens du WTINote de bas de page 4 étaient de 40 $ US le baril et les investissements pétroliers et gaziers au Canada ont chuté à 24 milliards de dollars, un niveau jamais vu depuis 2002. Il s’agissait d’une diminution de plus des deux tiers par rapport au sommet de 2014, alors que les prix du WTI se situaient en moyenne à 90 $ US le baril. Toujours en 2020, la part des investissements industriels canadiens dans le secteur pétrolier et gazier a fléchi à 7 %, son plus bas niveau en près de trois décennies.

Les investissements diffèrent selon le type de ressources

Les sommes investies dans les ressources pétrolières et gazières classiques au Canada sont généralement plus de deux fois plus élevées que dans les ressources non classiquesNote de bas de page 5Note de bas de page 6 (figure 1). Les investissements pétroliers et gaziers au Canada ont suivi les prix du pétrole et du gaz naturel jusqu’en 2008, mais ont depuis suivi de plus près ceux du pétrole.

Cela s’explique par l’accroissement des investissements dans les sables bitumineux canadiens, le pétrole de réservoirs étanches et le gaz humideNote de bas de page 7, qui suivent tous les prix du pétrole. En revanche, l’augmentation de la production de gaz tiré du schisteDéfinition* et d’autres formations étanches a fait en sorte que le marché continental du gaz naturel en Amérique du Nord a continué d’être bien approvisionné, ce qui a permis de maintenir les prix relativement bas depuis 2009 et de réduire les investissements dans le gaz sec au CanadaDéfinition*.

Figure 1 – Prix du pétrole et du gaz et investissements dans les ressources classiques et non classiques

Source des données et Description

Source des données : Tableau 36-10-0096-01 de Statistique Canada; Energy Information Administration (en anglais)

Description : Les investissements dans les ressources classiques sont généralement deux fois plus élevés que dans les ressources non classiques pour la période indiquée dans le graphique. Ils ont toutefois été quatre fois supérieurs pendant quelques années au début du XXIe siècle. Le lien entre investissements et prix du pétrole se poursuit, ce qui n’est plus le cas des prix du gaz depuis 2008.

Les investissements diffèrent selon la région

L’Alberta a toujours obtenu la plus grande part des investissements pétroliers et gaziers au Canada, surpassant tous les autres territoires et provinces combinés, ce qui concorde avec la disponibilité de ressources dans cette province par rapport à d’autres régions du pays. En général, les investissements dans le pétrole et le gaz en Alberta ont principalement été affectés aux ressources classiques, excepté de 2011 à 2016, où ils l’ont été aux ressources non classiques des sables bitumineux de la province.

La Colombie-Britannique, où l’on s’intéresse aux ressources de gaz de réservoirs étanches de la formation de Montney depuis 2009, est souvent arrivée au deuxième rang des investissements pétroliers et gaziers au Canada. En Saskatchewan, les investissements dans le pétrole et le gaz classiques aussi bien que dans les projets de récupération thermique de pétrole non classique, ont généralement augmenté et diminué au gré des prix du pétrole. Les investissements à Terre-Neuve-et-Labrador ont surtout porté sur des projets au large des côtes dans les champs de pétrole Hibernia, Terra Nova, White Rose et Hebron. Ailleurs au pays, les investissements dans le secteur pétrolier et gazier ont été relativement peu importants.

Figure 2 – Investissements pétroliers et gaziers par province et territoire

Source des données et Description

Source des données : Tableau 36-10-0096-01 de Statistique Canada; Energy Information Administration (en anglais)

Description : Les investissements dans le secteur pétrolier et gazier reflètent le prix du pétrole; ils ont augmenté jusqu’en 2008, puis chuté en 2009 pour ensuite connaître une forte remontée jusqu’en 2014, avant de redescendre jusqu’en 2020. La part du lion des investissements revient à l’Alberta, à la Colombie-Britannique, à la Saskatchewan et à Terre-Neuve-et-Labrador. Les investissements dans les ressources non classiques ne se font qu’en Alberta et en Saskatchewan, bien que l’Ontario ait exploré cette option de 2002 à 2008.

Prix élevés et reprise des investissements

La reprise économique qui a suivi la pandémie de COVID-19, combinée aux préoccupations liées à la sécurité énergétique attribuables à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, a fait grimper les prix du pétrole et du gaz en 2021 et 2022. Suivant une tendance à la hausse des prix, les données de la plus récente Enquête annuelle sur les dépenses en immobilisations de Statistique Canada indiquent que les niveaux d’investissement dans le pétrole et le gaz au Canada en 2022 devraient être supérieurs d’un tiers aux niveaux les plus bas de 2020Note de bas de page ii.

Influence d’autres facteurs sur l’investissement

Les dépenses futures en immobilisations varieront en fonction de nombreux facteurs complexes, comme les tendances en matière de technologies, d’investissement et de politiques. Par exemple, les sociétés énergétiques font face à de nouveaux défis alors que la disponibilité et la répartition des fonds sont de plus en plus influencées par les facteurs ESG, notamment les politiques de carboneutralité partout dans le monde. En attendant, les sociétés pétrolières et gazières canadiennes peuvent décider de ne pas réinvestir leurs flux de trésorerie croissants dans une nouvelle capacité de production, mais de plutôt rembourser leur dette, leurs investisseurs (sous forme de dividendes) ou de racheter leurs actions, et d’investir dans des technologies qui peuvent les aider à réaliser des gains d’efficacité opérationnelle et réduire les coûts des intrants, la consommation d’énergie et les émissions pour se conformer aux objectifs de politique publique et à la réglementation. Par conséquent, même si des prix plus élevés sont synonymes de nouveaux investissements, d’autres facteurs pourraient peser plus lourd que les prix dans la balance pour ce qui d’influencer les tendances futures en matière d’investissement et de production dans le secteur pétrolier et gazier au Canada.

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