Aperçu du marché : L’hélium, au-delà des ballons

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Date de diffusion : 2022-05-25

On utilise l’hélium dans des applications de haute technologie, par exemple pour refroidir les appareils d’imagerie par résonance magnétique (« IMR »), la production de fibres optiques, de semi-conducteurs (transistors) et d’écrans plats (en anglais), ainsi que dans l’industrie aérospatialeNote de bas de1. L’hélium sert aussi de gaz de sustentation et est utilisé dans la détection des fuites de contenants sertis sous videDéfinition*. À mesure que se multiplient les débouchés pour l’hélium, il y a tout lieu de croire la demande continuera d’augmenter dans les années à venir, demande que le Canada pourrait peut-être satisfaire en partie.

Les perspectives d’avenir de l’hélium au Canada

Selon la United States Geological Survey, les réserves d’hélium du Canada s’élèvent à 70 milliards de pieds cubes (Gpi³), les cinquièmes en importance dans le mondeNote de bas de2. Cette abondante ressource a piqué l’intérêt des investisseurs, surtout en Alberta et en Saskatchewan. Depuis 2018, le nombre de baux fonciers qui ont été signés en vue de l’exploration de l’hélium a quadruplé dans cette dernière province. En réaction, le gouvernement de la Saskatchewan a préparé un plan d’action pour la mise en valeur de l’hélium et s’est fixé comme objectif d’atteindre 10 % de la production mondiale d’ici 2030Note de bas de3. À l’heure actuelle, il n’y a que dans cette province où l’on produit de l’hélium à l’échelle commerciale au Canada, et cette production représente environ 1 % de l’offre mondiale. Prenant conscience de l’intérêt de possibles producteurs, le gouvernement de l’Alberta a créé, en 2020, un nouveau taux de redevancesDéfinition* de 4,25 %Note de bas de4. Une éventuelle production d’hélium en Alberta et en Saskatchewan devrait être acheminée par camion ou par train, car on ne trouve actuellement au Canada aucun pipeline réservé au transport de ce produit ni aucun projet de construction en ce sens.

Chaîne d’approvisionnement en hélium

Comment produit-on l’hélium?

L’hélium est un élément non réactif que l’on produit par le forage de puits dans des réservoirs souterrains et que l’on amène ensuite à la surface sous forme de gaz. La plus grande partie de l’hélium est produite parallèlement au gaz naturel, bien qu’on en trouve aussi dans des réservoirs principalement constitués d’azote. Le plus souvent, l’hélium se présente à de faibles concentrations dans les réservoirs souterrains (moins de 0,1 % par volume), mais il arrive qu’on en trouve à des concentrations de plus de 10 % dans certains gisements plus riches. Pour que l’extraction de l’hélium soit rentable, on estime généralement que les concentrations doivent être supérieures à 0,5 %, pourcentage qui varie toutefois en fonction de facteurs économiques comme son prix, la proximité du gisement des marchés et le coût du traitement.

Comment transporte-t-on l’hélium?

Une fois le mélange contenant de l’hélium arrivé à la surface, on en sépare les composantes et on achemine l’hélium par camion ou navire jusqu’aux installations conditionnement (en anglais), où il est préparé pour l’utilisation finaleNote de bas de5. Pour le transport par navire, on le liquéfie pour en réduire le volume et, donc, les coûtsNote de bas de6. L’hélium peut aussi être transporté par pipeline. À l’heure actuelle, il n’y a qu’aux États-Unis où on a recours à ce mode de transport : le Bureau of Land Management exploite un pipeline qui fournit plus de 40 % de la demande intérieureNote de bas de7.

Figure 1 – Concentrations d’hélium dans les puits en Alberta et en Saskatchewan

Sources et Description

Sources : Alberta Energy Regulator (en anglais), Open File 2021-2: Helium in Southern Saskatchewan (en anglais)

Description : La carte ci-dessus indique les concentrations d’hélium dans les gaz provenant des puits en Alberta et en Saskatchewan, qui varient de 0,5 % à 14 %. Les gros points rouges foncés dénotent les concentrations les plus fortes. Puisque la production d’hélium est généralement plus rentable quand les concentrations sont élevées, les producteurs s’intéressent davantage aux régions de l’Ouest canadien les plus prometteuses.

Le marché de l’hélium est souvent encadré par des contrats entre les fournisseurs et les acheteurs, et les prix sont confidentiels. Selon les estimations de la United States Geological Survey, l’hélium de catégorie « A » (pureté de 99,997 % ou plus après raffinage) se négociait à 214,36 $ US le millier de pieds cubes (« kpi³ ») sur le marché privé en 2019. Des estimations plus récentes indiquent que le prix de l’hélium de cette catégorie se situait entre 300 $ et 600 $ US/kpi³ à la fin de 2021Note de bas de8Note de bas de9. À titre de comparaison, le prix moyen du gaz naturel au carrefour Henry s’établissait à 3,68 $ US/kpi³ en décembre 2021Note de bas de10.

Figure 2 – Part de la demande mondiale d’hélium selon l’utilisation finale

Source et Description

Source : Edison Investment Research (en anglais)

Description : Graphique indiquant la demande mondiale d’hélium selon l’utilisation finale – Le secteur de la cryogénie est le plus grand utilisateur d’hélium en ce moment et accapare 23 % de la production. Il est suivi du levage (sustentation), qui comprend l’utilisation de ballons, avec 15 %. On estime que la demande mondiale d’hélium a totalisé 6,2 milliards de pieds cubes en 2019.

L’intérêt du Canada pour l’hélium motivé par la baisse de la production aux États-Unis et la hausse de la demande mondiale

En 2019, on estimait la consommation mondiale d’hélium à quelque 6,2 milliards de pieds cubes (en anglais) (Gpi³). La plus grande partie de la production provenait des États-Unis, mais elle a reculé au cours des dernières années. En 2010, les États-Unis comptaient pour 76 % de la production mondiale d’hélium, une part qui a diminué depuis pour deux raisons : l’épuisement des réserves intérieures et l’accroissement de la production du QatarNote de bas de11. La baisse de la production américaine, combinée à une demande croissante des fabricants de composantes électroniques en Asie (en anglais), a éveillé l’intérêt d’autres pays, dont le Canada.

Figure 3 – Production estimative d’hélium par pays

Source et Description

Source : Helium Statistics and Information (en anglais)

Description : Production estimative d’hélium par pays de 2010 à 2020 – La production estimative d’hélium a fléchit depuis 2013, année où elle a atteint un sommet de 4,96 Gpi³. En 2020, elle a chuté à 4,08 Gpi³, en raison principalement du recul de la production américaine. Depuis 2010, le Canada n’a jamais produit plus d’un milliard de pieds cubes par année. L’écart que l’on observe entre la production estimative en 2019 (4,08 Gpi³) et la demande (6,29 Gpi³) pourrait s’expliquer par des différences dans les méthodes de mesure, bien que cela demeure incertain, vu le peu d’informations qui sont rendues publiques sur le marché mondial de l’hélium. En périodes de faible offre d’hélium, les installations de stockage peuvent venir à la rescousse pour satisfaire la demande.

Il est raisonnable de croire que l’appétit toujours grandissant du secteur de la haute technologie pour l’hélium entraînera une croissance de la production de celui-ci. Le Canada pourrait être en mesure de satisfaire davantage cette demande, du fait qu’il possède certaines des plus grandes réserves au monde, mais même si sa production actuelle est faible. L’exploration récente en Alberta, et encore plus en Saskatchewan, pourrait permettre d’accroître la production au cours des prochaines années.

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